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Page:Bally - Le Langage et la Vie, 1913.djvu/26

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intérieure et ne pas aboutir ; agir, dans un sens assez général pour permettre de dire que l’action est le propre des pires paresseux. Entre l’apache qui égorge une pauvre vieille pour lui voler son bas de laine et le mystique qui se consume dans le sacrifice et entrevoit le paradis au milieu de ses souffrances volontaires, il y a, malgré l’abîme creusé par la morale, quelque chose de commun : l’aspiration vers une fin sentie désirable, l’aspiration vers le bonheur.

EXPRESSION LINGUISTIQUE DE LA VIE

Le langage reflète fidèlement cette double forme de la vie réelle. D’abord il nous montre comment, dans la vie réceptive, les excitations sensorielles se traduisent en impressions et en jugements de valeur. Nous avons dit que ceux-ci diffèrent des jugements logiques : cette différence est double.

D’abord, ils ne sont pas régis par la notion objective de causalité, mais orientés vers une fin subjective ; ce sont des jugements téléolo-