Aller au contenu

Page:Bally - Le Langage et la Vie, 1913.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et dépasse notre logique aux formes géométriques : le langage montre, mieux que n’importe quoi, ce qu’il faut entendre par là. On pense involontairement à l’intuition bergsonienne, et le langage, dans ses rapports avec la vie, semble donner raison à M. Bergson quand il dit que « la vit déborde l’intelligence de toutes parts » et que « notre science est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie ». Il semble en tout cas que l’intelligence qui actionne le langage soit de même nature que celle qui ordonne les phénomènes de la vie, en cela surtout qu’elle diffère essentiellement de la raison logique. Le langage ne se comprend bien qu’en fonction de la pensée telle que la vie la façonne, et l’on peut se représenter cette pensée comme un organisme dont l’intelligence logique forme l’ossature ; les muscles et les nerfs, ce sont nos sentiments, nos désirs, nos volontés, toute la partie affective de notre esprit ; ils en constituent le principe moteur ; sans ce système nerveux et musculaire de la pensée, l’intelligence pure n’est plus qu’un squelette.

Cette intelligence, dans le sens large, a pour caractères essentiels d’être inconsciente et collective : le langage reproduit ces caractères.

1. Les opérations du langage sont incons-