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Page:Balzac-Le député d'Arcis-1859.djvu/137

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surexciter sa fantaisie, et ne pas le remercier sans que ma conscience me fasse mille reproches ?

Tel est le problème soumis à votre sagesse. Si vous me rendez le service de me le résoudre, et je ne connais personne qui en soit plus capable, j’aurai à joindre ma reconnaissance à tous les sentiments affectueux dont vous me savez, chère madame, déjà animée pour vous…


CHAPITRE III

LE COMTE DE L’ESTORADE À MARIE-GASTON


Paris, février 1839.

Peut-être avant moi, cher monsieur, les feuilles publiques vous porteront la nouvelle d’une rencontre qui a eu lieu entre votre ami, monsieur Dorlange, et le duc de Rhétoré. Mais en vous annonçant le fait tout sec, car l’usage et les convenances ne leur permettent pas de déduire au long les motifs de la querelle, les journaux ne feront qu’exciter votre curiosité sans la satisfaire.

J’ai su heureusement, de très-bonne source, tous les détails de l’affaire, et je m’empresse de vous les transmettre ; ils sont de nature à vous intéresser au plus haut degré.

Il y a trois jours, c’est-à-dire le soir même de celui où je m’étais rendu chez monsieur Dorlange, le duc de Rhétoré occupait à l’Opéra une stalle d’orchestre. Près de lui vint se placer monsieur de Ronquerolles, arrivé tout récemment d’une mission diplomatique qui le tenait éloigné de Paris depuis plusieurs années.

Pendant l’entr’acte, ces messieurs ne quittèrent pas la salle pour aller au foyer ; mais, comme on fait volontiers au théâtre, ils se tinrent debout, le dos tourné à la scène, faisant face par conséquent à monsieur Dorlange qui, assis derrière eux, paraissait fort absorbé par la lecture du jour-