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Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/127

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plus que ces fragments, insouciants de la science en elle-même. Il y a bien des traités sur la danse, sur la mimique ; il y a bien le Traité du mouvement des animaux, par Borelli ; puis quelques articles spéciaux faits par des médecins récemment effrayés de ce mutisme scientifique sur nos actes les plus importants ; mais, à l’exemple de Borelli, ils ont moins cherché les causes que constaté les effets : en cette matière, à moins d’être Dieu même, il est bien difficile de ne pas retourner à Borelli. Donc, rien de physiologique, de psychologique, de transcendant, de péripatéticiennement philosophique, rien ! Aussi donnerais-je pour le cauris le plus ébréché tout ce que j’ai dit, écrit, et ne vendrais-je pas au prix d’un globe d’or cette théorie toute neuve, jolie comme tout ce qui est neuf. Une idée neuve est plus qu’un monde : elle donne un monde, sans compter le reste. Une pensée nouvelle ! quelles richesses pour le peintre, le musicien, le poète ! Ma préface finit là. Je commence.

Une pensée a trois âges. Si vous l’exprimez dans toute la chaleur prolifique de sa conception, vous la produisez rapidement, par un jet plus ou moins heureux, mais empreint à coup sûr d’une verve pindarique. C’est Daguerre s’enfermant vingt jours pour faire son admirable