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Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/131

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raison, et qui ne puisse fournir au savant l’occasion de prendre sa toise et d’essayer à mesurer l’infini. Il y a de l’infini dans le moindre gramen.

Ici, je serai toujours entre la toise du savant et le vertige du fou. Je dois en prévenir loyalement celui qui veut me lire ; il faut de l’intrépidité pour rester entre ces deux asymptotes. Cette Théorie ne pouvait être faite que par un homme assez osé pour côtoyer la folie sans crainte et la science sans peur.

Puis je dois encore accuser, par avance, la vulgarité du premier fait qui m’a conduit, d’inductions en inductions, à cette plaisanterie lycophronique. Ceux qui savent que la terre est pavée d’abîmes, foulée par des fous et mesurée par des savants, me pardonneront seuls l’apparente niaiserie de mes observations. Je parle pour les gens habitués à trouver de la sagesse dans la feuille qui tombe, des problèmes gigantesques dans la fumée qui s’élève, des théories dans les vibrations de la lumière, de la pensée dans les marbres, et le plus horrible des mouvements dans l’immobilité. Je me place au point précis où la science touche à la folie, et je ne puis mettre de garde-fous. Continuez.

En 1830, je revenais de cette délicieuse Touraine, où les femmes ne vieillissent pas aussi vite que dans les autres pays. J’étais au milieu de la