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Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/155

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DE LA DÉMARCHE

grâce moqueuse de Louis-Philippe, sont les derniers pairs de France venus, je suis persuadé d’y trouver ce souhait écrit en lettres d’or : Je voudrais bien avoir l’air noble !

Ils s’en défendront, ils le nieront, ils vous diront :

— Je n’y tiens pas ! cela m’est égal ! Je suis journaliste, philosophe, épicier, professeur, marchand de toile, ou de papier !

Ne les croyez pas. Forcés d’être pairs de France, ils veulent être pairs de France ; mais, s’ils sont pairs de France au lit, à table, à la chambre, dans le Bulletin des lois, aux Tuileries, dans leurs portraits de famille, il leur est impossible d’être pris pour des pairs de France lorsqu’ils passent sur le boulevard. Là, ces messieurs redeviennent Gros-Jean comme devant. L’observateur ne cherche même pas ce qu’ils peuvent être, tandis que, si M. le duc de Laval, si M. de Lamartine, si M. le duc de Rohan viennent à s’y promener, leur qualité n’est un doute pour personne ; et je ne conseillerais pas à ceux-là de suivre ceux-ci.

Je voudrais bien n’offenser aucun amour-propre. Si j’avais involontairement blessé l’un des derniers pairs venus, dont j’improuve l’intronisation patricienne, mais dont j’estime la science, le talent, les vertus privées, la probité