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Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/187

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DE LA DÉMARCHE

avec naïveté leur idée. Vous ne vous tromperez jamais en interprétant les gestes d’un chat : vous voyez s’il veut jouer, fuir ou sauter.

Donc, pour bien marcher, l’homme doit être droit sans roideur, s’étudier à diriger ses deux jambes sur une même ligne, ne se porter sensiblement ni à droite ni à gauche de son axe, faire participer imperceptiblement tout son corps au mouvement général, introduire dans sa démarche un léger balancement qui détruise par son oscillation régulière la secrète pensée de la vie, incliner la tête, ne jamais donner la même attitude à ses bras quand il s’arrête. Ainsi marchait Louis XIV. Ces principes découlent des remarques faites sur ce grand type de la royauté par les écrivains qui, heureusement pour moi, n’ont vu en lui que son extérieur.

Dans la jeunesse, l’expression des gestes, de la voix, les efforts de la physionomie, l’accent sont inutiles. Alors vous n’êtes jamais aimables, spirituels, amusants incognito. Mais, dans la vieillesse, il faut déployer plus attentivement les ressources du mouvement ; vous n’appartenez au monde que par l’utilité dont vous êtes au monde. Jeunes, on nous voit ; vieux, il faut nous faire voir : cela est dur, mais cela est vrai.

Le mouvement doux est à la démarche ce que le simple est au vêtement. L’animal se meut