Aller au contenu

Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vie fashionable. Encore le ton de la cour n’a-t-il daté que de Catherine de Médicis. Ce furent nos deux reines italiennes qui importèrent en France les raffinements du luxe, la grâce des manières et les féeries de la toilette. L’œuvre que commença Catherine, en introduisant l’étiquette (voir ses lettres à Charles IX), en entourant le trône de supériorités intellectuelles, fut continuée par les reines espagnoles, influence puissante qui rendit la cour de France arbitre et dépositaire des délicatesses inventées, tour à tour, et par les Maures et par l’Italie.

Mais, jusqu’au règne de Louis XV, la différence qui distinguait le courtisan du noble ne se trahissait guère que par des pourpoints plus ou moins chers, par des bottines plus ou moins évasées, une fraise, une chevelure plus ou moins musquée, et par des mots plus ou moins neufs. Ce luxe, tout personnel, n’était jamais complété par un ensemble dans l’existence. Cent mille écus, profusément jetés dans un habillement, dans un équipage, suffisaient pour toute une vie. Puis un noble de province pouvait se mal vêtir et savoir élever un de ces édifices merveilleux, notre admiration d’aujourd’hui et le désespoir de nos fortunes modernes, tandis qu’un courtisan richement mis eût été fort embarrassé de recevoir deux femmes chez lui. Une