Aller au contenu

Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conquêtes prodigieuses dans les arts et les sciences ; puis toutes deux, à la tête du peuple, elles l’entraîneront dans une voie de civilisation et de lumière. Mais les princes de la pensée, du pouvoir ou de l’industrie, qui forment cette caste agrandie, n’en éprouveront pas moins une invincible démangeaison de publier, comme les nobles d’autrefois, leur degré de puissance, et, aujourd’hui encore, l’homme social fatiguera son génie à trouver des distinctions. Ce sentiment est sans doute un besoin de l’âme, une espèce de soif ; car le sauvage même a ses plumes, ses tatouages, ses arcs travaillés, ses cauris, et se bat pour des verroteries. Alors, comme le XIXe siècle s’avance sous la conduite d’une pensée dont le but est de substituer l’exploitation de l’homme par l’intelligence à l’exploitation de l’homme par l’homme[1], la promulga-

  1. Cette expression métaphysique du dernier progrès fait par l’homme peut servir à expliquer la structure de la société, et à trouver les raisons des phénomènes offerts par les existences individuelles. Ainsi, la vie occupée n’étant jamais qu’une exploitation de la matière par l’homme ou une exploitation de l’homme par l’homme, tandis que la vie d’artiste et la vie élégante supposent toujours une exploitation de l’homme par la pensée, il est facile, en appliquant ces formules au plus ou moins d’intelligence développé dans les travaux humains, de s’expliquer la différence des fortunes. En effet, en politique, en finances comme en mécanique, le résultat est toujours en raison de la puissance des moyens, C. Q. E. A. D. (Voyez page 45). Ce système doit-il nous