Aller au contenu

Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’attend-il pas que, semblables aux vétérans du Luxembourg, ses meubles lui attestent leurs services par de nombreux chevrons, pour en changer la destination, et ne se plaint-il jamais du prix excessif des choses, car il a tout prévu. Pour l’homme de la vie occupée, les réceptions sont des solennités ; il a ses sacres périodiques pour lesquels il fait ses déballages, vide ses armoires et décapuchonne ses bronzes ; mais l’homme de la vie élégante sait recevoir à toute heure, sans se laisser surprendre. Sa devise est celle d’une famille dont la gloire s’associe à la découverte du nouveau monde ; nouveau il est semper paratus, toujours prêt, toujours semblable à lui-même. Sa maison, ses gens, ses voitures, son luxe, ignorent le préjugé du dimanche. Tous les jours sont des jours de fête. Enfin, si magna licet componere parvis, il est comme le fameux Dessein, qui répondait, sans se déranger, en apprenant l’arrivée du duc d’York :

— Mettez-le au n° 4.

Ou comme la duchesse d’Abrantès, qui, priée la veille par Napoléon de recevoir la princesse de Westphalie au Raincy, donne le lendemain les plaisirs d’une chasse royale, d’opulents festins et un bal somptueux à des souverains.

Tout fashionable doit imiter, dans sa sphère, cette large entente de l’existence : il obtiendra