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Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/167

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désespèrent, on s’en empare. L’argent, c’est la vie ; l’argent c’est la satisfaction des besoins et des désirs : dans un homme de génie, il y a toujours un enfant plein de fantaisies, on use l’homme et l’on se trouve tôt ou tard avec l’enfant : l’enfant sera mon débiteur, et l’homme de génie ira en prison.

SARPI.

Et où en êtes-vous ?

AVALOROS.

Il s’est défié de mes offres, non pas lui ; mais son valet, et je vais traiter avec le valet.

SARPI.

Je vous tiens : j’ai l’ordre d’envoyer tous les vaisseaux de Barcelone sur les côtes de France ; et, par une précaution des ennemis que Fontanarès s’est fait à Valladolid, cet ordre est absolu et postérieur à la lettre du roi.

AVALOROS.

Que voulez-vous dans l’affaire ?

SARPI.

Les fonctions de grand maître des constructions navales ?…

AVALOROS.

Mais que reste-t-il donc alors ?

SARPI.

La gloire.

AVALOROS.

Finaud !

SARPI.

Gourmand !

AVALOROS.

Chassons ensemble, nous nous querellerons au partage. Votre main ? (À part.) Je suis le plus fort, je tiens le vice-roi par la Brancador.

SARPI, à part.

Nous l’avons assez engraissé, tuons-le ; j’ai de quoi le perdre.

AVALOROS.

Il faudrait avoir ce Quinola dans nos intérêts, et je l’ai mandé pour tenir conseil avec la Brancador.