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Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/327

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GODARD, à part.

Aïe, aie ! elle me persifle, je crois… Attends, attends !

PAULINE.

Il faudrait au moins attendre ; et, je vous l’avouerai…

GODARD.

Vous ne voulez pas vous marier encore… Vous êtes heureuse auprès de vos parents, et vous ne voulez pas quitter votre père.

PAULINE.

C’est cela précisément.

GODARD.

En pareil cas, il y a des mamans qui disent aussi que leur fille est trop jeune ; mais comme monsieur votre père vous donne vingt-deux ans, j’ai cru que vous pouviez avoir le désir de vous établir.

PAULINE.

Monsieur !

GODARD.

Vous êtes, je le sais, l’arbitre de votre destinée et de la mienne ; mais, fort des vœux de votre père et de votre seconde mère, qui vous supposent le cœur libre, me permettez-vous l’espérance ?

PAULINE.

Monsieur, la pensée que vous avez eue de me rechercher, quelque flatteuse qu’elle soit pour moi, ne vous donne pas un droit d’inquisition plus qu’inconvenant.

GODARD, à part.

Aurais-je un rival ?… (Haut.) Personne, Mademoiselle, ne renonce au bonheur sans combattre.

PAULINE.

Encore ?… Je vais me retirer, Monsieur.

GODARD.

De grâce, Mademoiselle. (À part.) Voilà pour ta raillerie.

PAULINE.

Eh ! Monsieur, vous êtes riche, et personnellement si bien traité par la nature ; vous êtes si bien élevé, si spirituel, que vous trouverez facilement une jeune personne et plus riche et plus belle que moi.

GODARD.

Mais quand on aime ?

PAULINE.

Eh bien ! monsieur, c’est cela même.