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Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/99

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LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Ah ! j’avais oublié ! Monsieur, il m’est impossible de vous accorder le moment d’audience que vous m’aviez demandé. Demain… plus tard.

MADEMOISELLE DE VAUDREY, à Saint-Charles.

Ma nièce, Monsieur, est hors d’état de vous entendre

SAINT-CHARLES.

Demain, Mesdames, il ne serait plus temps ! la vie de votre fils, le marquis de Montsorel, qui se bat demain avec M. de Frescas, est menacée.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Mais ce duel est une horrible chose !

MADEMOISELLE DE VAUDREY, bas à la duchesse.

Vous oubliez déjà que Raoul vous est étranger.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, à Saint-Charles.

Monsieur, mon fils saura faire son devoir.

SAINT-CHARLES.

Viendrais-je, Mesdames, vous instruire de ce qui se cache toujours à une mère, s’il ne s’agissait que d’un duel ? Votre fils sera tué sans combat. Son adversaire a pour valets des spadassins, des misérables auxquels il sert d’enseigne.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Et quelle preuve en avez-vous ?

SAINT-CHARLES.

Un soi-disant intendant de M. Frescas m’a offert des sommes énormes pour tremper dans la conspiration ourdie contre la famille de Christoval. Pour me tirer de ce repaire, j’ai feint d’accepter : mais au moment où j’allais prévenir l’autorité, dans la rue, deux hommes m’ont jeté par terre en courant, et si rudement que j’ai perdu connaissance : ils m’ont fait prendre à mon insu un violent narcotique, m’ont mis en voiture, et à mon réveil j’étais dans la plus mauvaise compagnie. En présence de ce nouveau péril, j’ai retrouvé mon sang-froid, je me suis tiré de ma prison, et me suis mis à la piste de ces hardis coquins.

MADEMOISELLE DE VAUDREY.

Vous venez ici pour M. de Montsorel, à ce que nous a dit Joseph ?

SAINT-CHARLES.

Oui, Madame.