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Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/106

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CONTES DRÔLATIQUES.

Cependant elle eut ung iour l’enfant tant deziré ! Comptez que ce feut une belle feste pour le bon cocqu, car la ressemblance du père estant engravée en plein sur la face de ce ioly fruict d’amour, Blanche se consola beaucoup, et reprint ung petit ceste tant bonne gayeté et fleur d’innocence qui resiouissoyt les vieilles heures du senneschal. Force de veoir courir ce petit, force de resguarder les rires correspondans de luy et de la comtesse, il fina par l’aymer, et se seroyt courroucé bien fort contre ung qui ne l’en auroyt pas cru le père.

Ores, comme l’adventure de Blanche et de son paige n’avoyt point esté transvasée hors du chasteau, il consta, par tout le pays de Touraine, que messire Bruyn s’estoyt encores treuvé en fonds d’ung enfant. Intacte demoura la vertu de Blanche, qui, par la quintessence d’instruction par elle puisée au réservoir naturel des femmes, recogneut combien besoing estoyt de taire le péché véniel dont son enfant estoyt couvert. Aussi devint-elle preude et saige, et citée comme une vertueuse personne. Puis, à l’user, elle expérimenta la bonté de son bonhomme ; et, sans luy donner licence d’aller avecques elle plus loing que le menton,