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Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/309

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LA FAULSE COURTIZANE.

iamais ne changent, non plus que nos alleures. Hé doncques ! regoubillonnez ieune, beuvez frais et ne plourez point, veu que ung quintal de mélancholie ne sçauroyt payer une once de frippe.

Les desportemens de ce seigneur, amant de la royne Isabeau, laquelle aymoyt dru, comportèrent beaucoup d’adventures plaisantes, veu que il estoyt goguenard, d’un naturel alcibiadesque, vray Françoys de la bonne roche. Ce feut luy qui, premier, conceut d’avoir des relays de femmes, en sorte que, alors que il alla de Paris à Bourdeaux, treuvoyt tousiours, au desseller de sa monture, ung bon repas et ung lict guarny de iolies doubleures de chemises. Heureux prince ! qui mourut à cheval, comme tousiours il estoyt, voire mesmes entre ses draps. De ses comicques ioyeulsetez nostre trez-excellent Roy Loys le unziesme en ha consigné une mirificque au livre des Cent Nouvelles nouvelles, escriptes soubz ses yeulx, pendant son exil en la Court de Bourgongne, où pendant les vesprées, pour soy divertir, luy et son cousin Charolois se racontoyent les bons tours advenus en cettuy temps. Puis, quand défailloyent les vrays, ung chascun de leurs courtizans leur en inventoyent à qui mieulx. Mais, par respect pour le sang royal, monseigneur le Daulphin ha mis la chouse advenue à la dame de Cany sur le compte d’un bourgeois, et sous le nom de la Médaille à revers, que ung chascun peut lire au recueil dont il est ung des ioyaulx les mieulx ouvrez et commence la centaine. Vécy le mien.

Le duc d’Orléans avoyt ung sien serviteur, seigneur de la province de Picardie, nommé Raoul d’Hocquetonville, lequel print pour femme, au futur estrif du prince, une damoiselle alliée de