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Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/104

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En réunissant ces deux parties en un même ouvrage, dont l’article de la Chronique de Paris forme tout le début, Balzac le publia avec la dédicace actuelle datée des Jardies, février 1839, et l’ouvrage daté des Jardies, septembre 1838, en deux volumes in-8o chez Souverain en 1839, sous le titre de : le Cabinet des antiques, suivi de : Gambara. Il y ajouta une préface (voir tome XXII, page 513) et supprima le fragment que voici qui terminait la partie publiée dans la Chronique de Paris, et se plaçait après le premier paragraphe de la page 13 de cette édition :

Chacun de nous fut emporté par le cours de sa vie ; douze ans se passèrent. Ici commencent les événements de cette histoire dont ceci n’est que le préambule ; il sera certes pardonné à l’auteur de l’avoir écrit. Qui de nous, dans son enfance, n’a pas éprouvé quelque admiration pour des hommes et des choses dont la grandeur était peut-être factice, mais qui n’en était pas moins imposante, car la plus vivace poésie est celle que nous créons en nous-même ?

Il y modifia aussi tout le dénoûment de la version du Constitutionnel ; il y introduisit la partie judiciaire qui va dans cette édition de la page 94, ligne 29, après les mots : « Mon Dieu, tu dois sauver la maison d’Esgrignon ! » jusqu’à la page 125, ligne 29, aux mots : « que vous avancerez d’une demi-heure. » Dans le Constitutionnel, toute cette partie était remplacée par ceci :

Il se coucha quasi mort sous le poids de tant d’émotions et de tant de fatigues. Il fut bientôt réveillé par la vieille gouvernante : elle lui présenta le plus adorable homme du monde, un tigre coquet qui n’était rien moins que madame de Maufrigneuse. La duchesse avait pris le vêtement neuf d’un de ses grooms, un enfant de dix ans, elle était venue en calèche, et seule !

— Me voici, lui dit-elle, j’arrive pour le sauver ou pour périr avec lui. J’ai cent mille francs que le roi m’a donnés sur sa cassette pour acheter l’innocence de Victurnien, si l’adversaire est corruptible. J’ai des lettres pour éclairer la religion des juges, des lettres que je dois rapporter à ceux qui les ont écrites ; elles doivent être lues, mais supprimées… Et si nous échouons, j’ai du poison pour le soustraire à l’accusation.

Chesnel rendit scène pour scène à la duchesse : il s’élança de son lit, en chemise, il tomba à ses pieds, les baisa, et courut à sa robe de chambre en demandant pardon pour l’oubli que la joie lui faisait commettre. Il s’habilla, donna le bras à la duchesse, car il se hâta d’aller chez le juge d’instruction avant que celui-ci eût rien commencé. De sept heures du matin à dix heures, pendant que l’abbé Couturier prêchait madame du Croisier, avant l’heure du Palais, Chesnel avait démontré au juge d’instruction combien l’accusation portée contre M. le comte d’Esgrignon était calomnieuse, en lui produisant le reçu des cent mille écus remis par lui-même,