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Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/39

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l’a désigné dans ses notes posthumes, pour entrer dans les Scènes de la Vie privée, et a enlevé le passage suivant, qui se trouvait après les mots : « cette gracieuse femme », ligne 5, page 220 :

En entrant dans la galerie où l’on dansait, Rastignac fut surpris de rencontrer un de ces couples que la réunion de toutes les beautés humaines rend sublimes à voir. Jamais il n’avait eu l’occasion d’admirer de telles perfections. Pour tout exprimer en un mot, l’homme était un Antinoüs vivant, et ses manières ne détruisaient pas le charme qu’on éprouvait à le regarder. La femme était une fée, elle enchantait le regard, elle fascinait l’âme, irritait les sens les plus froids. La toilette s’harmoniait chez l’un et chez l’autre avec la beauté. Tout le monde les contemplait avec plaisir et enviait le bonheur qui éclatait dans l’accord de leurs yeux et de leurs mouvements.

— Mon Dieu, quelle est cette femme ? dit Rastignac.

— Oh ! la plus incontestablement belle, répondit la vicomtesse. C’est lady Brandon ; elle est aussi célèbre par son bonheur que par sa beauté. Elle a tout sacrifié à ce jeune homme. Ils ont, dit-on, des enfants. Mais le malheur plane toujours sur eux. On dit que lord Brandon a juré de tirer une effroyable vengeance de sa femme et de cet amant. Ils sont heureux, mais ils tremblent sans cesse.

— Et lui ?

— Comment ! vous ne connaissez pas le beau colonel Franchessini ?

— Celui qui s’est battu… ?

— Il y a trois jours, oui. Il avait été provoqué par le fils d’un banquier ; il ne voulait que le blesser, mais par malheur il l’a tué.

— Oh !

— Qu’avez-vous donc ? vous frissonnez, dit la vicomtesse.

— Je n’ai rien, répondit Rastignac.

Une sueur froide lui coulait dans le dos. Vautrin lui apparaissait avec sa figure de bronze. Le héros du bagne donnant la main au héros du bal changeait pour lui l’aspect de la société.

 XXIV. Le Colonel Chabert, daté de Paris, février-mars 1832. Dédié à la comtesse Ida de Bocarmé, née du Chasteleer. Imprimé pour la première fois dans l’Artiste des 20, 27 février, 6 et 13 mars 1832, sous le titre de la Transaction, avec les subdivisions suivantes : IScène d’étude. IILa Résurrection. IIILes Deux Visites. IVL’Hospice de la vieillesse, ce conte reparut la même année dans le tome I du Salmigondis, recueil en douze volumes in-8o, chez Fournier jeune, par divers auteurs, sous le titre de : le Comte Chabert, et dans le tome IV de la première édition des Scènes de la Vie parisienne, 1835, daté de février-mars 1832, sous le titre de : la Comtesse à deux maris. Il avait alors trois subdivisions : une Étude d’avoué, la Transaction, l’Hospice