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Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/148

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Cependant, effleurant avec vos doigts pensifs
Les lys délicieux que le zéphyr adore,
Et serrant sans repos entre vos bras lascifs

Mille vierges enfants que la beauté décore
Et qui cachent l’extase en leurs seins palpitants,
Toujours vous aviez dit : Ce n’est pas elle encore !

Et vous, pâles Vénus ! longtemps, oh ! bien longtemps,
Même pour des mortels, sur vos lits de Déesses
Vous aviez dénoué vos beaux cheveux flottants

Et, comme un flot, versé leurs superbes ivresses,
Mais sans jamais, hélas ! pouvoir trouver celui
Dont votre ardente soif implorait les caresses.

Et toujours emportant votre sauvage ennui,
Ô victimes du dieu qui de nos maux se joue,
À travers les chemins longtemps vous aviez fui,

Tremblantes sous le fouet horrible que secoue
Le vieux titan Désir, tyran de l’univers,
Et dont le vent cruel souffletait votre joue !

Mais, ô don Juans, et vous, blanches filles des mers,
Sous les feux merveilleux du lustre qui flamboie,
Après tant de travaux et de regrets amers,

Vous savouriez enfin le repos et la joie.