Aller au contenu

Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! ne dédaigne rien dans ta ville ! Chéris
Les parcs éblouissants, ces jardins de Paris
Où pour nous réjouir, en leurs apothéoses
Brillent les cœurs sanglants et fulgurants des roses ;
Mais, artiste, aime aussi les pauvres talus des
Fortifications, où sous le triste dais
Du ciel gris, l’herbe jaune et sèche qui se pèle
Semble un front dévoré par un érésipèle ;
Car c’est là que, toujours las de voir empirer
Son destin, l’ouvrier captif vient respirer
Et que la jeune fille heureuse, en mince robe,
Laissant errer son clair sourire, où se dérobe
Quelque rêve secret de ménage et d’amour,
Avec ses yeux brûlants vient boire un peu de jour !


10 avril 1879.