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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/57

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Et comme elle est pareille aux anges, dans ses yeux
Flotte avec sa lumière un ciel mystérieux.
En sa blancheur, elle est une enfant elle-même.
Humble et sage parmi les petites qu’elle aime
Et qu’elle est tous les jours plus heureuse de voir,
Comme elle est toute grâce, elle a tout le savoir.
Car celui qui l’inspire en son ombre éphémère
Et fait de cette vierge une si douce mère,
C’est l’Enfant souriant, sauveur du genre humain,
Qui tient le globe bleu dans sa petite main.
Oui, bien souvent on cherche en vain sœur Séraphine
Et son regard plein de bonté, sa lèvre fine,
Où la foi met sa force amie et sa douceur.
On ne la trouve pas, mais toujours quelque sœur
Dit, tandis que partout vainement on l’appelle :
Bien sûr, ma sœur, elle est encor dans la chapelle,
Agenouillée aux pieds de son petit Jésus.
Oh ! que sait-il, celui qui ne vous a pas eus
Dans son âme, entr’ouvrant leurs célestes calices,
Extase, espoir, ferveur, silencieux délices
Que fait épanouir le souffle essentiel,
Tendres fleurs, qui serez visibles dans le ciel ?
Sœur Séraphine est en effet agenouillée,
Humble, ployée en deux comme une herbe mouillée,