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Page:Banville - Hymnis, 1880.djvu/37

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ANACRÉON, avec légèreté et peu à peu reprenant Hymnis, qui, à la fin, s’abandonne.

Eh ! qu’importe, blancheur de cygne !
Le sang glorieux de la vigne,
Le vin adorable et vainqueur,
Lorsqu’il me met la joie au cœur
Me demande-t-il si je l’aime ?
Enivre-moi, vivant poème !
Sommeille ! Laisse-moi poser
Sur tes bras nus un long baiser
Et baisse ta prunelle noire !

À partir de ce moment jusqu’à la fin de la scène, une symphonie qui d’abord soutient les vers parlés, imite ensuite les horreurs d’un orage surnaturel, et exprime l’émotion que ce bouleversement inattendu de la nature fait naître chez les deux personnages ; étonnement un peu sceptique chez Anacréon, épouvante exaltée et religieuse chez Hymnis.

L’Amour, si j’ai bonne mémoire,
Est de la race des Titans ;
On l’a vu jeune, mais du temps
Des Typhons et des Polyphèmes.
Il doit être mort !

HYMNIS, s’enfuyant des bras d'Anacréon

Il doit être mort !Tu blasphèmes !
Tais-toi !