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Page:Banville - Hymnis, 1880.djvu/46

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À ces fruits. Ne t’en fais pas faute.
Tiens, prends.

ÉROS.

Tiens, prends.Non. Je n’en mange pas.

ANACRÉON.

Quoi ! Tu dédaignes les appas
De ces raisins aux lueurs chaudes
Semblables à des émeraudes,
Et ces figues, dont le doux miel
Attire les oiseaux du ciel,
Caché sous une écorce dure ?

ÉROS.

Oui.

ANACRÉON.

Oui.Quelle étrange nourriture
Aimes-tu donc ?

ÉROS.

Aimes-tu donc ?Je me nourris
De vains désirs, d’espoirs flétris,
D’un soupir joyeux ou frivole,
D’un parfum de rose, qui vole
Près de moi dans l’air adouci,
Comme en un rêve.