Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/118

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fleurirons pour rien, pour le plaisir, comme Caussade a tué Latournelle, sans être contraints à affirmer la prétendue blancheur des femmes rouges ou vertes, et sans subir l’humiliation d’être comparés à aucune demoiselle ? »


LXVI. — LE JOLI COUPLE

À Saint-Meuris, au Café des Officiers, mademoiselle Zéphirine descend au comptoir, blanche, sentimentale, pareille à une sainte de missel, coiffée en bandeaux à la jolie femme, serrée dans sa robe à étouffer, et elle s’assied entre deux vases de fleurs, dans une pose irréprochable de keepsake. Ce n’est un secret pour personne que mademoiselle Zéphirine est follement éprise du lieutenant Adhémar de Saint-Saigne, le plus joli et le plus mince de tous les hussards connus. À tort ou à raison, mais à raison sans doute, elle se figure que ce ravissant jeune homme au doux visage de fille ne fera pas attention à elle, tant qu’elle ne sera pas parvenue à devenir aussi mince que lui. Elle est mince, elle est une abeille, mais Adhémar est une guêpe. En la voyant paraître, le gros major Ledurubey n’a pu retenir un cri d’admiration.

-— « Corne et, massacre ! dit-il, Zéphirine est encore