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Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/187

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accourt, tout pâle et tremblant, le collégien Lucien, neveu du marquis.

— « Ah ! dit-il à la grande soubrette, si vous vouliez m’écouter et m’entendre ! Mais vous ne saurez jamais ce qu’il y a dans mon cœur de passion et de désir, et de trésors d’amour ! »

Puis, affolé par la courbe voluptueuse que dessine la robe de Juliette, l’enfant lève et penche vers le sein emprisonné une main téméraire.

— « Tiens ! s’écrie la femme de chambre, toujours à la réplique, vous avez là une bien jolie bague !

— Oui, dit Lucien, en regardant le rubis entouré de diamants, dont rien ne peut empêcher désormais la destinée inéluctable, c’est ma tante Herminie qui me l’a donnée ! »


CXII. — UTOPIE

Le petit vicomte de Salar et Coralie Bredo reproduisent assez exactement le tableau célèbre où, debout et songeant, le roi d’Espagne Philippe II, en costume de cour et coiffé de la toque à plumes, contemple sa maîtresse nue, couchée sur un lit de repos. Seulement, comme les mœurs se sont épurées depuis ce temps-là, Coralie est couverte d’un léger voile transparent, et le petit vicomte, entaché d’impressionnisme et de japonaiserie, porte un costume de ville entièrement violet qui, depuis le cha-