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Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/114

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NOUS TOUS.


Enfants, mangez des prunes d’ente ! —
Loin des vertigineux lambris
Clovis a dû fuir. Comme Dante,
Il est exilé… dans Paris !

Hier encore il était membre.
Il ne l’est plus. Destins railleurs !
Il n’entre jamais dans la Chambre,
Hélas ! Ni moi non plus, d’ailleurs.

Misérable porteur de lyre,
Il n’entendra pas, longs ou courts,
Ainsi que des chiens en délire
Aboyer les vagues discours.

Oisif après ces catastrophes,
Et portant le suprême affront,
Il caresse les belles strophes
Ayant des rimes sur le front.

Passant inutile, poète,
Échanson des généreux vins,
Il entend frémir dans sa tête
Les ailes des rythmes divins ;