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Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/156

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NOUS TOUS.


Et raillant la lyre thébaine,
Musard aux pâleurs de safran
Agite son bâton d’ébène
Dans le farouche Aldébaran.

Strauss, poursuivi par les huées
Des astres au front curieux,
Emporte au milieu des nuées
Le sombre galop furieux ;

Et Gavarni, qui rêve encore
À leurs impudiques ardeurs,
Voit se confondre avec l’aurore
Les pourpres de ses débardeurs.

Masques, danseurs, satins, amantes,
Bacchantes du long corridor,
Mer, dont les vagues écumantes
Se roulaient comme un serpent d’or ;

Avec ta face inanimée,
Tu nous apparais, Carnaval,
Comme on revoit dans la fumée
Le spectre d’un combat naval !


1er février 1884.