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Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/182

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NOUS TOUS.


Guerroyant avec Jeanne d’Arc
Et faisant fuir l’Anglais superbe
Et, lorsque Louis dans son parc
Triomphait, se nourrissant d’herbe.

Avec ses mots heurtés, flottants,
Éloquents en d’étranges suites,
Je le vois, pâle et maigre, au temps
De ses leçons sur les Jésuites.

Sa parole en flots lumineux
Roulait, assujettie au nombre,
Et ses beaux yeux vertigineux
Avaient l’air de deux grands trous d’ombre.

Plus tard, revenu des enfers
Que la sombre Histoire devine,
Et des doux paradis offerts
Par la nature âpre et divine ;

Ayant vu les charmants réseaux
Que la mer tremblante reflète
Et les feuillages pleins d’oiseaux
Et la montagne violette ;