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Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/236

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NOUS TOUS.


Sur une chaise en bois de teck,
Il mangea des pommes de terre,
Mais qui n’étaient pas au beefteck,
Dans une chambre solitaire.

Puis il monta, le long du Bois,
Un cheval, une ombre, une ellipse,
Mince, effaré, pâle, aux abois,
Et sorti de l’Apocalypse.

Puis, dans une exposition
Très intéressante, où deux nègres
Se promenaient sans passion,
Il alla voir des dessins maigres.

Le soir, son esprit se peupla
D’effrois ; il alla dans le monde
Et très longuement contempla
Une dame extrêmement blonde.

N’offrant nulle prise à l’enfer,
Elle était mince et transparente ;
On aurait dit un fil de fer
Sans nulle saillie apparente.