Aller au contenu

Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
232
NOUS TOUS.


Fuyons cet homme à l’esprit large,
Mais au cœur vain ;
Car c’est avec de la litharge
Qu’il fait son vin.

Craignons ses crèmes éhontées
Et les dégâts
Que feraient ses pièces montées
Et ses nougats.

Fauchant les gens, comme des herbes,
Au son des cors,
Il prétend donner de superbes
Repas de corps.

Au temps passé, nous y dînâmes
En grand gala ;
Mais il ferait bientôt des âmes
De ces corps-là.

Évitons sa cuisine atroce ;
Car, sans honneur,
On périrait chez ce féroce
Empoisonneur !


3 mars 1884.