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Page:Banville - Théophile Gautier, ode, 1872.djvu/17

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Amants de l’or, pourris de plaies,
Monnoyant l’angoisse et les pleurs,
Blêmes, et comptant des monnaies
Dans la nuit, comme les voleurs ;

Ineptes don Juans de romance,
Sous ses haillons d’or, en plein jour,
Adorant tous, en leur démence,
Le spectre fardé de l’Amour ;

Maîtres des Odes éclatantes,
Se résignant au rire amer
Pour des foules plus inconstantes
Que le flot fuyant de la mer ;

Ô pasteur des rhythmes sans nombre,
Comme tu regardais ces fous
Acharnés à l’ombre d’une ombre,
Avec un air pensif et doux,

Toi, qui t’asseyais sous un arbre
En plaignant le cerf aux abois !
Toi, l’amant des Nymphes de marbre
Et de la source dans les bois,