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Page:Banville - Théophile Gautier, ode, 1872.djvu/7

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Pardonne-moi, maître des charmes,
Dont l’esprit s’enfuit vers le ciel,
Si tu vois mes yeux pleins de larmes
Devant toi, songeur immortel.

Pardonne-moi si je te pleure,
Car, ô maître, c’est l’humble ami
Qui prie et sanglote à cette heure
Auprès du lutteur endormi.

Mais ma propre fierté s’irrite
De s’attrister en ces douleurs,
Et je sais qu’un tel deuil mérite
Bien autre chose que des pleurs !

Car, ô pur génie, âme immense
Qu’emplissait la sainte beauté,
À cet instant pour toi commence
Une double immortalité.

Et tandis que de ta poitrine,
Déployant son aile de feu,
Ce qui fut la flamme divine
S’envole et retourne vers Dieu,