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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/145

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— Eh bien, si tu m’as jamais aimé, Vellini, tu ne veux pas que Ryno de Marigny se méprise, et il se mépriserait s’il pouvait cesser un instant d’être le mari fidèle d’Hermangarde. Ta venue dans ce pays ; cette nuit, ces cris ; cette confiance aveugle qu’il y a un lien entre nous que rien ne peut rompre, qui n’est pas l’amour, quand l’amour existe dans mon cœur pour une autre femme que toi, Vellini, ce sont des folies, de grandes et vaines folies dont il ne m’est plus permis de partager le délire. Ah ! mon enfant, tu t’es trompée ! Retourne chez la comtesse de Mendoze. Ne cherche plus à te mêler à une vie où tu n’as plus ta place, si tu l’as toujours dans mon cœur. Quand nous nous sommes vus la dernière fois chez toi, ma Ninette, c’est toi qui me dis : « Laisse-moi ! » C’est moi quitte le dis, maintenant. Donne-moi ta main, comme une courageuse amie. Je ne veux pas que nous nous quittions sans l’expression d’une mâle tendresse, car j’ai aussi la religion des souvenirs ; mais il faut nous quitter et ne plus essayer de nous revoir.

— Ah ! nos religions sont différentes ! » fit-elle amèrement, sans lui donner cette main qu’il demandait. Elle avait pâli (était-ce de douleur ?…) en l’entendant. Les roses d’automne que la brise — très vive sur cette plate-forme — avait épanouies au sommet de ses joues bis-