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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/193

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— Cela ! — dit Griffon avec l’étonnement que lui causait la demande de madame de Marigny. — Vous ne la connaissez donc pas ? et pourtant tout le monde la connaît déjà dans les environs. Ah ! ce n’est pas la blanche Caroline ! c’est la Mauricaude des Rivières, comme l’appellent les enfants de là-bas. On la connaît pour Espagnole depuis que ce bâtiment est arrivé, car elle a parlé espagnol aux matelots ; et moi, qui ai ramassé un peu de la langue de tous les pays sur toutes les côtes, j’ai entendu qu’elle leur a dit qu’ils étaient compatriotes. Avant l’arrivée du brick, je ne savais pas ce qu’elle était plus que les autres, quoique je visse bien qu’elle était de loin et des pays chauds ; car le soleil lui a écrit sur la face un diable d’acte de naissance plus aisé à lire qu’à effacer.

— Et que fait-elle aux Rivières, — dit Hermangarde dont la curiosité haletait, — et comment y est-elle venue ?…

— C’est ce qu’on ignore, — dit tranquillement le père Griffon. — Il faut qu’elle soit venue par les terres, car il y a déjà du temps qu’elle se retire chez les Bas-Hamet de la Butte, et à l’exception du brick que voici, nul bâtiment que les côtiers n’est entré au havre depuis l’équinoxe de septembre. Quant à ce qu’elle fait, c’est tout de même. Nul n’en sait