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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/221

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la vie ! Tout à coup, un vague tressaillement surgit du fond de cet abîme humain où l’homme a jeté la vie que Dieu fait lever. Ils en eurent tous les deux conscience, et elle qui doutait de tout, qui souffrait de tout, croyant qu’elle rattacherait, qu’elle relierait l’amour de Ryno autour de son cœur avec ses entrailles maternelles :

— « Jure-moi, par lui ou par elle, — dit-elle avec une intention qu’il comprit, — que tu m’aimes toujours autant que le jour de notre mariage ?

— Je te le jure ! » répondit-il, en déposant sur la ceinture de sa femme un long baiser qu’elle sentit couler jusque dans les entrailles ou dormait ce fruit de leur amour, par lequel elle lui demandait de jurer.

Et ce ne fut point un parjure ! l’amour ne manquait pas à Ryno de Marigny. C’était le passé dont il avait trop… et qui, dans son cœur, revenait, haut comme la mer sur la plage qu’elle a quittée. Ce serment prêté sur son sein, et plus à la mère qu’à la femme aimée, donna pour quelques instants à Hermangarde encore une sensation de bonheur. Mais, hélas ! ce fut la dernière.