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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/274

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trouvait mieux auprès de la femme qu’il n’aimait plus qu’à côté de celle qu’il aimait. Quoi d’étonnant ? Toutes ses relations avec Vellini étaient droites et vraies ; avec Hermangarde, elles ne l’étaient plus. L’air vital du cœur, n’est-ce pas la confiance ? Le bonheur entre ceux qui s’aiment, c’est de parler haut. Il le reconnaissait, il l’appréciait, et il n’était pas une de ces sensations sous lesquelles s’entr’ouvrait son âme, qui ne fût un anneau de plus à la chaîne qui l’attachait à Vellini.

Cependant, ils donnèrent bientôt le signal de toucher la rive, et la chaloupe, manœuvrée par des hommes qui connaissaient tous les écueils de la falaise comme les plombs de leurs filets, les déposa dans une petite anse, étroite, hérissée comme une passe, — espèce de croissant entre deux brisants. Les pêcheurs retournèrent à leur pêche. Mais eux — comme il était de bonne heure encore — se mirent à remonter la falaise par un sentier détourné, de sable fin. Ils parvinrent bientôt à sa cime. Vellini voulait montrer à Ryno, lui dit-elle, une espèce de caverne qui pourrait servir d’abri à de mystérieux rendez-vous. Elle l’avait découverte dans ses promenades solitaires. Cette caverne, du reste, était très célèbre dans le pays et gardée par de singulières superstitions. On l’appelait le Tombeau du Diable, et l’on disait qu’il y revenait. Là,