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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/317

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invisible qui se renouait à mesure que je le déchirais, roulé sous son pied, inextricablement lié, perdu ! Je vous raconterai quelque jour les détails, de cette entrevue. Elle s’y montra, non comme une femme nouvelle, mais comme la femme des anciens jours. Je lui résistai. Je la repoussai. Je fus dur pour elle. Je m’entourai de mon amour pour Hermangarde ; je le fis briller, cet amour, comme un talisman et comme une arme dont je lui labourai le cœur. Elle ne m’opposa aucun de ces moyens suprêmes, aucune de ces magnifiques outrances qu’emploient d’ordinaire les femmes qui luttent pour l’empire, qui combattent pour leur dernier autel. Elle n’eut point une seule de ces coquetteries de génie, comme les femmes qui jouent leur va-tout de cœur en rencontrent. Elle ne fut pas, non plus, une de ces jalouses qui hachent une rivale aux pieds de leur amant, avec des mots que nous ne pouvons nous empêcher d’admirer, tant ils respirent d’intelligence dans la haine et de passion dans leur cruauté ! Non ! elle ne fut ni plus ni moins que ce qu’elle avait toujours été avec moi, — l’enfant colère, franc et indompté ; la superstitieuse du sang bu ensemble ; le front ténébreux, noir, obtus, qui, pour toute séduction, se tendait toujours vers moi, avec la même volonté, le même désir, la même pensée ! Mais