Aller au contenu

Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suite de conversation et sans attacher, semblait-il, la moindre importance à la réponse, en passant les branches d’or de ses lunettes dans les belles grappes de ses cheveux blancs.

— Oui, c’est de Paris, » — répliqua la malicieuse marquise, avec une brièveté qui accusait plus de taquinerie que de réserve. On l’a vu, la marquise était un peu taquine. C’était là une des formes de cet esprit bienveillant auquel sa bonté, toujours présente, envoyait parfois d’adorables reflets de cœur.

Arrivée à ce point, madame d’Artelles ne pouvait faire un pas de plus. Elle avait trop de goût pour oser risquer d’être indiscrète, même avec une aussi intime amie que madame de Flers. Elle prit courageusement son parti, et se mit à travailler à son filet.

Il y eut un petit silence. Mais la douairière, qui aimait la comtesse et qui avait besoin de confiance en ce moment, car une idée inquiète la poursuivait, s’abandonna à cet instinct d’une âme alarmée. Elle ne craignait pas de récrimination de la part de son amie. N’avait-elle pas vu M. de Marigny détruire un à un tous les préjugés que la comtesse nourrissait contre lui depuis longtemps ?…

— « Connaissez-vous cette écriture ? » fit-elle en lui tendant la lettre.

Madame d’Artelles prit la lettre, la regarda,