Aller au contenu

Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Bénévent n’aurait, certes, pas désavouée. On dit qu’elle est de grande race par sa mère, et il y a des moments où, parole d’honneur ! on le croirait.

« Je pris une pastille de cachou dans cette bonbonnière que vous m’avez donnée et me mis à siffloter un air, en l’observant de l’angle de l’œil. Elle était habillée… Elle avait une robe de drap noir, que vous eussiez trouvée indécemment courte, car les chevilles, qu’elle a remarquablement bien, étaient à découvert sous la soie collante de ses brodequins. Cette robe était fermée par devant avec des topazes comme celles qu’elle avait piquées dans ses cheveux. Certes ! un tel accoutrement était bizarre. Mais le bizarre est ce qui lui va le mieux ! Elle se fourrerait un anneau dans le nez comme un bison ou une Bayadère, qu’elle nous entraînerait tous par ce diable d’anneau ! Elle posa, tout en chantonnant, un chapeau d’homme sur sa tête, avec une plume tombant à l’épaule, comme si elle allait monter à cheval et commander une compagnie de mousquetaires noirs.

« — Voilà M. de Cérisy, — s’écria-t-elle ; — j’entends la voiture. Nous dînons à Ville-d’Avray, vicomte. Voulez-vous dîner avec nous ? »

« Je refusai. C’était mon mercredi chez la douairière de Vandœuvre. Comme je la remer-