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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/79

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si vous voyez madame de Mendoze avant moi, offrez-lui mes affectueux compliments. »

« Et la voiture partit comme une flèche de foudre. Les chevaux montèrent la rue de Provence à un galop fait pour tout briser. À l’angle de la rue de la Chaussée d’Antin, je vis tourner de court et disparaître cette légère voiture qui battait presque les jambes des nobles bêtes qui la traînaient, et qui s’impatientaient et se forcenaient de n’avoir que cela à emporter !

« Eh ! eh ! grondez-moi, si l’envie vous en prend, comtesse ! Ce qui venait de passer devant mes yeux, comme un météore, ne ressemblait guères à tout ce que j’avais adoré dans ma jeunesse. Mais, quoique je ne sois qu’un vieux bonhomme, je sentis cependant quelque chose qui se rajeunissait en moi et qui absolvait presque tous les Marigny et les Cérisy de la terre, de leurs folies pour un être comme celui-là !

« Mais ce ne fut là qu’un instant ; un diable de mouvement ou un mouvement du diable qui ne dura pas, madame la comtesse. « Ta, ta, ta, — me dis-je in petto, — elle se moque de moi, après tout, cette commère-là, avec ses compliments à la comtesse de Mendoze. Eh bien, tête-bleu ! je les lui porterai, et aujourd’hui même. Nous allons voir ! Peut-être que madame de Mendoze, qui montre ses chagrins à tout Paris, ne sera pas si discrète que cette señora