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Page:Barbey d’Aurevilly - L’Ensorcelée, Lemerre, 1916.djvu/230

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XIII

La nouvelle de la mort de Jeanne Le Hardouey se répandit dans Blanchelande avec la rapidité naturelle aux événements tragiques qui viennent sur nous, comme par les airs, tant les retentissements en sont électriques et instantanés ! Jeanne-Madelaine s’était-elle noyée volontairement ? Était-elle victime d’un désespoir, d’un accident, ou d’un crime ? Questions qui se posèrent, voilées et funèbres, dans tous les esprits, problèmes qui se remuèrent avec une fiévreuse curiosité dans toutes les conversations, et qui, à bien des années de là, s’y agitaient encore avec une terreur indicible, soit à la veillée des fileuses, soit aux champs sur le sillon commencé, quand une circonstance remettait en mémoire l’histoire mystérieuse de la femme à maître Thomas Le Hardouey.

Lorsque la mère Ingou et la mère Mahé prirent la fuite, épouvantées par l’action monstrueuse du berger, pour aller chercher au bourg du secours, hélas ! bien inutile, la petite Ingou, qui partageait la terreur