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Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/350

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nous nous en souvenons bien, à Nicolas, empereur de Russie, et nous apprenait que lui, M. Enfantin, la puissance morale, était né la même année que cette grande puissance matérielle. Il a donc à présent quelque chose comme soixante-deux ans.

A cet âge, le talent littéraire ne vient guère quand il n’est pas venu. Sa brochure d’aujourd’hui est assez médiocre. Les formes qu’elle revêt avec affectation n’appartiennent ni à M. Enfantin, ni au saint-simonisme ; elles appartiennent à la littérature chrétienne sans laquelle, même comme exposition d’idées, le saint-simonisme n’aurait jamais dit deux mots… Il serait tolérable peut-être que ces gens-là (s’ils le pouvaient) fissent leur affaire sans prendre niaisement notre dogme, nos formules, notre style, obligés à imiter notre manière d’être, pour nous répondre et nous parodier ! Du moins ils seraient issus d’eux-mêmes et non d’un plagiat hébété, d’une contrefaçon belge de l’Évangile et d’un vol dont ils ne trouvent plus le profit et la propriété, dès qu’il est une fois accompli !


IV

La Critique qui examine les livres dans les journaux a été jusqu’à ce jour infiniment discrète sur le compte de M. Enfantin et de l’étrange publication qu’il vient de risquer. Est-ce dédain ? indifférence ? embarras ?… Mais elle ne s’est pas expliquée sur le compte d’un livre