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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/111

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de la vie, le remords d’avoir fait à un être adoré un mal irréparable, sur lequel il ne pouvait rien. Il voulut se persuader pourtant que cette crise n’était qu’un évanouissement ordinaire, et il resta auprès du lit de la jeune fille avec les deux noirs qu’il avait appelés, espérant toujours qu’elle reprendrait connaissance et qu’il pourrait, avant de retourner à Néhou, lui demander pardon de la violence qu’il se reprochait.

Mais les heures s’écoulèrent sans amener aucun changement dans l’état de prostration et d’insensibilité de Calixte, et Néel atteignit le matin sans avoir surpris un seul battement d’artères qui pût faire croire que la jeune fille ne fût pas morte. « Si pourtant je l’avais tuée ! » se disait-il en s’épouvantant de cet état, si semblable à la mort, dans lequel il l’avait fait tomber ; et, pour ne pas devenir complètement insensé, il avait eu besoin de se rappeler ce qu’il savait de la maladie de Calixte et tout ce que lui en avait dit Sombreval.

Brisé par les émotions de cette nuit, ivre de douleur, d’impatience et d’anxiété, car il n’était jamais possible de prévoir le temps que devaient durer les crises de Calixte, obligé de retourner à Néhou quelques heures, il quitta le Quesnay aux premières blancheurs de l’aube et dit à Pépé et à Ismène qu’il reviendrait dans la