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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/126

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ment évoqué entre l’hostie tombée dans les immondices de la chair qui ne sont que de la matière et ses molécules, après tout, et le nombre des hosties qui allaient, si Sombreval était un imposteur, tomber dans la souillure de l’âme qui est le péché et le mal…, il avait le frisson qui prend tout être pur devant le gouffre du mal et du péché. Ce n’était pas pour Sombreval qu’il souffrait, malgré sa charité infinie, c’était pour Dieu ! Si Dieu, à la hauteur inaccessible qu’il habite, est au-dessus de tout outrage humain, les Anges adorateurs qui l’entourent, les Chérubins, qui l’aiment avec des ardeurs inconnues aux amours de la terre, sentent, eux, l’outrage fait à leur Dieu, et ils en souffrent, dans leurs splendeurs et leurs béatitudes, non pour l’homme qui le fait, cet outrage, mais pour le Très-Haut, quoiqu’il soit le Très-Haut et que l’outrage ne l’atteigne pas ! Le ciel lui-même ne change rien à l’essence des choses. L’essence de l’amour n’est-elle pas de souffrir pour l’objet aimé, plus qu’il ne peut souffrir, et même quand il ne souffre pas ?…

C’est cet amour des Anges et des Chérubins qu’éprouvait l’abbé Méautis, et c’était aussi leur souffrance ! En proie aux incertitudes les plus cruelles, il quitta, toujours silencieux, la Malgaigne, ne rentra pas au presbytère, et les clefs de