Aller au contenu

Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Néel tremblait quand l’abbé était au Quesnay, mais il tremblait bien davantage quand il voyait Calixte entrer dans le confessionnal, cette noire et terrifiante encoignure où le prêtre peut dire tout, à son tour, à qui lui a tout dit, et qu’il pensait (l’amoureux) que, caché sous son voile baissé, ce visage divin capable d’arrêter et d’attendrir la foudre, qu’il aurait charmée, n’arrêterait plus l’homme dans le prêtre, et qu’il frapperait dans les ténèbres, parce qu’il ne verrait pas le chef-d’œuvre qu’au grand jour il aurait respecté ! Il venait souvent conduire Calixte à l’église de Néhou et la reconduisait au Quesnay.

On les rencontrait par les chemins, se donnant le bras, comme un frère et une sœur. Et comme ils ne l’étaient pas, si de les voir tous les deux si jeunes et si beaux dans cette liberté et dans cette solitude faisait venir sur les lèvres du passant, qui se détournait, un mauvais rire, Calixte, à qui rien ne manquait en mérite, devant Dieu, était tellement déshonorée, que le mauvais rire n’était pas pour lui, mais pour elle.

Et il ne craignait pas seulement que l’abbé Méautis, ce Néel si peu fait pour la crainte ! Il craignait aussi la Malgaigne, cette vieille femme qu’il avait aimée, pour lui avoir annoncé qu’il mourrait comme Calixte et à cause