Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/196

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— V’là qu’il commence à bruiner, — dit le vieux Herpin en amenant de l’écurie son cheval à Néel. Tout écrasera, c’est sûr, de pluie, au matin, quand se couchera la lune !

Mais la réflexion du vieux faiseur d’almanachs fut perdue. Néel, cette nuit-là, à la place de pluie, aurait voulu qu’il tombât des piques, et Calixte ne l’aurait pas empêché de partir, quand elles fussent tombées, la pointe en bas !

Hélas ! ce voyage dont ils espéraient tant de bien tous les deux fut inutile. Néel de Néhou ne put voir comme il aurait voulu Sombreval, renfermé qu’il était dans le séminaire de cette ville que l’évêque du diocèse lui avait assigné pour lieu de retraite et de pénitence. À cette époque, la Trappe de Briquebec n’était pas fondée encore. Sombreval avait demandé avec beaucoup d’instance à être interné dans celle de Mortagne, mais l’évêque de Coutances, flatté d’avoir un pénitent qui faisait honneur au diocèse, n’avait pas voulu qu’il quittât son Grand Séminaire. L’abbé Sombreval y vivait dans la plus impénétrable solitude.

Les détails que Néel recueillit sur ce grand coupable, devenu un aussi grand pénitent qu’il avait été un grand pécheur, et qui continuait d’occuper l’opinion et, comme on disait à Coutances, de « faire jouer les langues du monde », lui furent donnés par un vieux sa-