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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/203

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qu’il vit confirma les propos du vieux sacristain.

Sombreval avait pâli autant que le bronze peut pâlir et maigri autant que peut maigrir un entrelacement d’os, de nerfs et de muscles aussi formidable que l’était son corps… Son front, que ses cheveux, cléricalement coupés très-court sur les tempes, faisaient paraître plus grand encore, était toujours ce grand front de génie que connaissait Néel, et sur lequel la faux de la vie (qui a une faux comme la mort !) avait passé, mais en ce moment, ce front éclatait de l’exaltation qu’il aurait eue, si, à la lueur de ses fourneaux, l’obstiné chimiste avait enfin triomphé des gaz rebelles et réussi dans cette combinaison qu’il rêvait et qui devait sauver sa fille ! C’est qu’il faisait, — ici, — dans cette église (pensa Néel), identiquement ce qu’il faisait sur ses fourneaux allumés dans les combles du Quesnay, et il voyait ici la réussite, qu’il n’avait jamais vue à la flamme de ses fourneaux impuissants !

Cette exaltation du front de Sombreval lui donnait une magnifique physionomie. Néel en savait la cause, mais toute cette foule qui emplissait la nef l’ignorait…, et pour elle, c’était l’exaltation de la pénitence, l’enthousiasme du repentir, la joie austère de la réconciliation avec Dieu ! Ce front de Sombreval était élo-