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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/216

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doutait, il avait supplié Dieu de le délivrer de ses doutes, de ses intolérables anxiétés ; — qu’il avait prié à toute heure, tous les jours, avec larmes, sans répit, sans soulagement, sans interruption, et tant enfin que, craignant plus la folie qu’un autre, lui, le fils d’une folle ! et craignant encore plus que de devenir fou, d’être le complice par son silence du sacrilège qui se consommait, si vraiment il s’en consommait un, il avait demandé à Dieu avec de telles instances, au saint sacrifice de la messe, de lui envoyer un seul signe qui le tirât de cette torture ; que ce signe, Dieu, touché de la misère de son serviteur, le lui avait dernièrement envoyé, — par trois fois, — et à chaque fois plus visible, — et qu’à partir de ce moment il avait été tenu de tout lui dire à elle ! et quoi qu’il pût arriver ! Ah ! certes ! qu’il était désolé du mal qu’il allait lui faire, mais qu’il la connaissait ! qu’elle lui pardonnerait ! et préférerait l’affreux mal qu’elle souffrait déjà, sans doute, à l’ignorance où elle serait restée du sacrilège de Sombreval ! — de ce dernier crime, accompli par amour pour elle ! et que seule au monde, avec un homme comme Sombreval et un pareil amour de père, elle était capable d’empêcher !

Il dit tout cela, le précipitant d’une voix hachée par l’émotion ; pâle, tremblant dans ses nerfs, mais ferme de volonté, craignant, à tout