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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/231

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trée par ces mains que voilà, — par les mains du pasteur qui savait seul le secret sublime de l’humilité de ses vertus ! Vous ne saurez que quand elle ne sera plus, mes frères, jusqu’où allait sa charité pour vous, si durs et si injustes pour elle !… »

De telles paroles, dites avec un visage abîmé de larmes, par ce curé révéré auquel on croyait comme à Dieu, faisaient leur trouée dans le cœur électrique de ces foules et l’église ne désemplissait pas. Des gens de Néhou et de Monroc, qui, sans cela, n’eussent jamais pensé à entrer dans la cour du Quesnay, de cette maison de l’ancien maudit (ils disaient déjà l’ancien maudit !) qui ne l’avait pas si bien été qu’il ne fût revenu à repentance, vinrent en grand nombre frapper à cette porte abandonnée, où l’on ne voyait plus même les pauvres, et demander avec intérêt aux deux sinistres faces de crêpe : comment la Demoiselle allait ?…

Mais les réponses étaient funèbres… Le danger croissait à chaque instant. Les docteurs d’Ayre et Hérault se relayaient au Quesnay, mais ils étaient à bout d’expériences et de remèdes. Ils étaient vaincus par le mal. Dès sa première invasion, ils avaient pratiqué à diverses reprises, et toujours sans succès, des saignées profondes où le sang avait peu coulé, et ils interrogeaient vainement ce pouls en