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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/246

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par le fait de ces douleurs qui devaient amener fatalement la mort ou la folie.

N’ayant plus là son père, elle avait ôté de son front ce bandeau qu’on y voyait toujours, et le signe dont elle était marquée apparaissait, auguste et effrayant, sur ce front pâle, comme la croix rouge sur la cotte blanche du Templier. Placée comme elle était dans son lit, on voyait sur sa poitrine, et par-dessus la batiste strictement fermée qui gardait son sein comme une guimpe, son scapulaire de carmélite qu’elle ne pensait plus à cacher. À elle seule, Calixte était tout un spectacle, un spectacle étonnant et formidable, mais touchant aussi, touchant jusqu’aux larmes, car la jeune fille, la simple jeune fille, dans sa grâce incomparable, adoucissait en elle ce que la Beauté, l’Intelligence et la Sainteté y avaient, toute sa vie, versé de pathétique et de grandiose !

— Monsieur le vicomte et monsieur de Lieusaint, — dit-elle aux deux vieillards avec cette suprême aisance qui faisait toujours l’étonnement de ceux qui ne savent pas quel air de reine du monde donne la solitude, quand une femme y vit avec Dieu, — vous pardonnerez bien à une mourante le petit dérangement qu’elle vous cause, et j’espère que vous ne le regretterez pas… Vous avez plusieurs fois déjà daigné être mes hôtes au Quesnay. Je