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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/253

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quel viennent s’appuyer comme un magnifique soubassement toutes les autres cérémonies de la liturgie catholique, et qu’on dit également pour les vivants, pour les souffrants et pour les morts. Mais, si cette grande consécration manqua à cette union hâtive, jurée dans une chambre de malade à trois pas d’un lit d’agonie, cette union, image d’un mariage qui eut lieu plus tard et qui en était la promesse, se parfuma encore de ces quelques fleurs de poésie que l’Église fait fleurir partout… L’abbé Méautis, qui avait ramené, en revenant de Néhou, l’enfant de chœur de sa chapelle, figura, aidé de cet enfant, un autel sur l’une des consoles. Il y mit un crucifix d’argent et deux flambeaux avec leurs cierges, entre lesquels il déposa le saint Ciboire apporté pour Calixte. Ce ciboire, qui faisait entrer Dieu dans cet appartement profane, le transfigura en église pour les âmes croyantes, à divers degrés, qui s’y trouvaient, et les pénétra du respect, mêlé de terreur, qu’on éprouve dans la maison de Dieu.

Debout entre l’autel et le lit de Calixte, l’abbé reçut la promesse de Néel et de Bernardine de s’épouser. Néel la fit avec un cœur brisé, et Bernardine avec un cœur triste , un cœur qui pressentait l’avenir ! En attendant l’anneau consacré, Calixte coupa une des boucles de ses cheveux d’or, et l’ayant nouée en forme de